Une personne formidable, professeure de yoga pendant 30 ans à Lyon, m’a offert il y a quelques mois, la copie d’un cours d’initiation sur les Yoga Sutras qu’elle avait reçu de Gérard Blitz et Jean Varenne sous la forme de 36 envois postaux entre 1983 et 1987. Un trésor de 800 pages que je me jurai de trouver le temps de lire. Quelques semaines de confinement, et c’est fait !

Les Yoga Sutra sont denses et le cours de Gérard Blitz et Jean Varenne riche. Loin, de moi, l’idée de vous résumer l’un ou l’autre.

Je ne vous ferai donc part ici que de quelques réflexions de Gérard Blitz sur la pratique qui m’ont particulièrement intéressées.

Le yoga, tel que défini par Patanjali, l’auteur des Yoga Sutras est « l’arrêt des agitations de la conscience ». C’est donc cet état qui advient quand le calme se fait à l’intérieur. Oui, le Yoga est un état et « la pratique du yoga consiste à créer les conditions pour que cet état de Yoga puisse advenir. Nous ne pouvons que nous préparer puis recevoir ».

Gérard Blitz préconise, avant la pratique, de « déposer », c’est-à-dire laisser s’apaiser, se ralentir en nous l’énergie de nos mécanismes. Il faut créer un espace, une interruption entre le moment où on sort de l’agitation de la rue et le moment où on entre dans la pratique. Pour moi, cela prend la forme du « OM » chanté au début de la séance pour ouvrir la parenthèse de la séance puis ces quelques instants pour prendre conscience de l’état de son souffle tel qu’il est à ce moment.

Gérard Blitz a quelques formules tranchées sur la pratique :

« Prenez des postures simples. Les postures compliquées sont faites pour ceux qui n’ayant pas le tonus nécessaire, ont besoin de ces obstacles pour pouvoir faire l’expérience de la conscience de soi. »

« Ce qui différencie une personne qui débute d’une personne qui pratique depuis quelques années est avant tout le niveau de la conscience de soi. »

ou encore

« La seule chose vraiment importante est la relation constante, la conscience du flot de l’air. Alors, le mental prendra de lui-même le rythme lent et profond de cette respiration ».

Oui, c’est cela le yoga. Cela fait du bien de le lire et de se le redire. On oublie parfois, surtout si on se perd sur Internet de vidéos en vidéos de « yoginis » sexies dans des postures infaisables, où est la véritable pratique !

Car en effet, « dans asana, on renonce à l’effort-force pour un état d’équilibre et d’infinité. Lorsque l’on est heureux dans la posture et que l’on a envie d’y rester, ceci est asana. ». Tout simplement. Non, en fait, c’est le plus difficile. A quel moment je suis bien, suffisamment bien pour être simplement là, posée dans mon souffle. A quel moment, j’accepte que ce n’est pas plus loin que ce situe asana mais là où je suis maintenant, là où je respire.

Et une dernière réflexion de Gérard Blitz qui mérite de s’y attarder :

« Il y a 2 moments particulièrement difficiles sur la voie du Yoga :
– le passage d’une pratique guidée par le professeur à une pratique où l’on est seul chez soi. Idéalement, il faut obtenir les même effets lorsque l’on est livré à soi-même,
– prolonger l’état de méditation connu dans l’isolement de la salle de yoga dans le mouvement de la vie de tous les jours. Car à quoi nous servirait la transformation de notre niveau de conscience si celui-ci ne se retrouvait pas dans la Vie ? »

No comment !

Bonne pratique à distance pendant encore quelques temps et je l’espère, ensemble bientôt.

Un grand merci à Daniel Boirat pour la très jolie photo prise à Pushkar en Inde qui illustre ce post.

Laurence.