Je viens de terminer le très riche livre d’Isabelle Queval, Philosophie de l’effort (éditions Cécile Defaut) dont j’ai lu un extrait pendant le yoga nidra de ce soir.

Exister, est-ce s’efforcer ou s’accomplir ?

Et Isabelle Queval illustre son propos en comparant deux nageurs. Le premier, empreint de sagesse antique, nage dans le sens du courant et « recherche l’harmonie avec la nature ». Le second, plus « moderne », nage à contre-courant cherchant à dompter la nature.

« Simplement, ce sont deux visions du monde, de la vie, de l’action humaine, de la sagesse et du bonheur, comme de la connaissance, qui s’illustrent là. Ce sont donc aussi deux visions de l’effort. Dans le premier cas, je ne peux concevoir que mon effort soit efficace sans une bonne connaissance du contexte et de l’environnement dans lequel il se déploie, et je suppose une forme de subordination de l’action humaine aux éléments extérieurs. […] Dans le second cas, je considère que c’est par la technique et la force que je vaincrai le cours de la nature. Ma liberté se dissocie potentiellement d’une nature que je cherche à dominer. »

Et l’auteure de conclure : « Dans les théories antiques de la nature et de la connaissance […], dans les techniques de développement personnel inspirée du bouddhisme, comme la Mindfulness, nous avons trouvé des arguments pour étayer une conception de l’effort comme ajustement aux choses, plutôt que comme outil de domination, comme connaissance de soi plutôt que comme dépassement. Il s’agit aussi d’initier un autre rapport au temps, aux autres, à l’environnement. ».

Alors commençons par prendre les postures « dans le sens du courant » et, avec de la pratique, du temps et de la persévérance, peut-être arriverons-nous à prendre toute la vie « dans le sens du courant ».

Laurence